Votre cheval présente une fissure sur son sabot et vous hésitez sur les soins à apporter ? Voici comment agir avec efficacité sans risquer d’aggraver la situation.
Une seime est une fissure de la paroi du sabot qui se développe en général dans le sens de la pousse de la corne. Contrairement aux idées reçues, l’application d’huile de pied ou de goudron ne résout pas le problème : ces produits occlusifs empêchent la corne de respirer et peuvent même favoriser l’extension de la fissure. Le traitement repose sur un parage correct effectué par votre maréchal-ferrant, l’utilisation de résines spécifiques pour stabiliser la fissure, et une surveillance vétérinaire si la seime atteint les tissus sensibles. La prévention passe par un entretien régulier des sabots, une ferrure adaptée ou un parage équilibré pour les chevaux pieds nus, et une supplémentation en biotine, zinc et méthionine si la qualité de la corne est médiocre.
Savoir distinguer une seime superficielle d’une fissure profonde nécessitant une intervention urgente peut éviter des complications sérieuses comme les infections ou la boiterie chronique.
Seime du sabot : identifier la fissure et comprendre pourquoi les remèdes traditionnels échouent
Avant d’intervenir sur une seime, il faut d’abord comprendre sa nature exacte et son niveau de gravité.
Reconnaître une seime et évaluer son degré de gravité
L’identification précise d’une fissure du sabot détermine la rapidité et le type d’intervention nécessaire. Une seime superficielle ne traverse que la couche externe de la paroi cornée, tandis qu’une seime profonde atteint les tissus vivants et peut provoquer saignements et infections.
| Type de seime | Localisation | Profondeur | Signes d’alerte | Urgence d’intervention professionnelle |
|---|---|---|---|---|
| Seime superficielle | Pince, mamelle ou quartier | Limitée à la couche externe de la corne, sans atteinte du tissu kératogène | Fissure visible mais sans chaleur anormale, pas de boiterie, pas de suintement | Consultation maréchal-ferrant sous 7 à 10 jours pour parage correctif |
| Seime profonde | Toute zone du sabot avec extension vers le bourrelet coronaire | Traverse la paroi jusqu’aux lamelles sensibles ou derme | Boiterie marquée, chaleur au toucher, saignement possible, élargissement de la fissure à chaque appui | Intervention vétérinaire IMMÉDIATE (24-48h) pour éviter infection et nécrose |
Voici ce qui change la donne :
Les propriétaires appliquent souvent des produits traditionnels pensant bien faire, mais ces remèdes empiriques peuvent transformer une simple fissure en problème chronique.
Huile, goudron et autres faux soins : pourquoi ces produits aggravent la fissure
Les onguents occlusifs et autres préparations ancestrales créent un environnement propice à la dégradation de la corne. La paroi du sabot a besoin de respirer et d’échanger l’humidité avec son environnement pour conserver sa souplesse et sa résistance naturelle.
Produits contre-productifs et leurs effets néfastes :
- huile de pied habituelle : crée une barrière imperméable qui empêche les échanges hydriques naturels, rendant la corne cassante et favorisant l’extension de la fissure par déshydratation interne
- goudron de Norvège : obstrue les tubules de la corne et emprisonne l’humidité excessive, créant un milieu favorable aux bactéries anaérobies et à la pourriture de la fourchette
- graisse à traire : ramollit excessivement la corne qui perd sa structure, augmentant la mobilité des bords de la seime et retardant toute cicatrisation
- onguents à base de térébenthine : dessèche brutalement la paroi et provoque des micro-fissures en plus autour de la seime initiale
- cataplasmes d’argile prolongés : macèrent la corne et fragilisent sa cohésion, transformant une fissure stable en zone d’effritement progressif
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Témoignage de Julien, maréchal-ferrant depuis 18 ans dans le 77 :
« Je vois régulièrement des propriétaires qui ont appliqué de l’huile de laurier ou du goudron pendant des semaines sur une seime, pensant la nourrir. Résultat : j’arrive devant une corne molle, gorgée d’humidité, où la fissure s’est élargie de plusieurs millimètres. La corne saine autour est devenue friable. Le pire, c’est quand ils ont utilisé ces produits sous un pansement occlusif : là, on frôle parfois l’infection. Mon conseil : une seime a besoin de stabilité mécanique, pas d’être graissée. Un bon parage équilibré et une résine de comblement font plus en une semaine que trois mois d’huile quotidienne. »
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La solution ne réside pas dans l’application de produits miracles, mais dans une approche mécanique et physiologique adaptée.
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Protocole de traitement efficace et stratégie préventive pour éviter les récidives
Une fois la seime identifiée, l’action rapide et méthodique fait toute la différence entre une guérison complète et une fragilisation permanente du sabot.
Les gestes de soin immédiats selon la sévérité de la seime
Le traitement d’une fissure du sabot suit un protocole précis qui s’étale sur plusieurs semaines. Chaque étape conditionne la qualité de la cicatrisation et la solidité future de la paroi cornée.
Protocole de soin jour par jour pour les 15 premiers jours :
- Jour 1 – Évaluation initiale : examiner la seime à la lumière naturelle, mesurer sa longueur et sa largeur, vérifier l’absence de chaleur anormale au toucher, photographier pour suivre l’évolution ; POINT DE CONTRÔLE : si chaleur excessive, suintement ou boiterie franche → appel vétérinaire immédiat
- Jour 1 – Nettoyage : curer délicatement le sabot en évitant la zone fissurée, laver à l’eau claire sans savon agressif, sécher avec soin avec un chiffon propre
- Jours 1-3 – Contact professionnel : prendre rendez-vous avec le maréchal-ferrant (intervention sous 48-72h pour seime superficielle, sous 24h pour seime profonde)
- Jours 2-7 – Repos relatif : limiter l’activité du cheval au pas en main 15 minutes maximum, éviter les cercles serrés et le travail sur sol dur, privilégier un box avec litière épaisse
- Jour 3-5 – Intervention du maréchal : parage correctif pour rééquilibrer les appuis et réduire la tension sur la fissure, application possible d’une résine de comblement ou pose d’agrafes métalliques selon la profondeur ; POINT DE CONTRÔLE : le professionnel évalue si une ferrure thérapeutique est nécessaire
- Jours 5-10 – Surveillance quotidienne : inspecter visuellement la seime matin et soir, vérifier que les bords ne s’écartent pas, palper le bourrelet coronaire pour détecter toute chaleur ou gonflement ; POINT DE CONTRÔLE : si aggravation visible ou apparition de boiterie → contact vétérinaire dans les 24h
- Jours 7-15 – Application de produits adaptés : utiliser uniquement des durcisseurs de corne recommandés par le maréchal (jamais d’huile occluante), appliquer au pinceau fin sur les bords de la fissure une fois par jour
- Jour 10 – Évaluation intermédiaire : comparer les photos du jour 1 avec l’état actuel, mesurer à nouveau la fissure ; POINT DE CONTRÔLE : si aucune amélioration ou extension de la seime → consultation vétérinaire obligatoire
- Jours 10-15 – Reprise progressive : augmenter graduellement l’activité au pas puis au petit trot sur sol souple uniquement, observer la locomotion après chaque séance
- Jour 15 – Bilan avec le maréchal : contrôle de l’évolution, ajustement éventuel du traitement, planification du suivi à long terme (en général contrôle tous les 15 jours pendant 2 mois)
Maintenant que le traitement d’urgence est posé :
La vraie bataille se joue sur le terrain de la prévention quotidienne et de l’entretien régulier.
Prévention durable : parage, ferrure adaptée et routine d’entretien quotidienne
La gestion préventive diffère radicalement selon que votre cheval porte des fers ou évolue pieds nus. Chaque approche demande une vigilance spécifique et des gestes adaptés au mode de vie de l’animal.
| Critère | Cheval ferré | Cheval pieds nus |
|---|---|---|
| Fréquence de parage/ferrure | Toutes les 6 à 8 semaines maximum, jamais au-delà de 9 semaines sous peine de déséquilibre des appuis | Toutes les 4 à 6 semaines, rythme plus soutenu car la corne s’use naturellement de façon inégale |
| Signes à surveiller | Déchaussement du fer, clous qui ressortent, usure asymétrique des branches, espace entre fer et paroi supérieur à 2-3 mm | Usure excessive de la sole, bords de paroi qui s’effritent, fourchette atrophiée, talons fuyants |
| Produits recommandés | Durcisseur de corne à base de formol dilué (sous contrôle), complément alimentaire biotine 15-20 mg/jour minimum | Baume hydratant naturel à la lanoline pour maintenir souplesse, huile de laurier pure 2 fois/semaine sur fourchette uniquement |
| Gestes quotidiens | Curage minutieux matin et soir, vérification de la solidité des clous, nettoyage de la lacune médiane, inspection visuelle du contact fer-paroi | Curage systématique après chaque sortie, brossage énergique de la sole pour stimuler la circulation, marche sur terrains variés 30 min/jour minimum |
Idées reçues sur les seimes : démontage de mythes tenaces 🔍
- « La graisse à pied fait repousser la corne plus vite » : FAUX – la vitesse de pousse de la corne est déterminée génétiquement et nutritionnellement (6 à 10 mm par mois selon les individus) ; aucun produit topique ne peut accélérer ce processus biologique ; la graisse maintient simplement l’hydratation superficielle sans action sur le tissu kératogène
- « Une seime guérit seule si on laisse le cheval au repos complet » : FAUX – sans intervention mécanique (parage ou comblement), la fissure continue de s’élargir à chaque appui même minime ; le repos limite l’aggravation mais ne résout pas le déséquilibre structurel qui a causé la seime
- « Les chevaux aux pieds noirs ont une corne plus solide » : FAUX – la pigmentation de la paroi cornée n’a aucun lien scientifiquement prouvé avec sa résistance ; la qualité dépend de la génétique, de l’alimentation (apports en zinc, cuivre, méthionine) et de l’équilibre des aplombs
- « Il faut attendre que la seime atteigne le bourrelet pour intervenir » : FAUX et DANGEREUX – plus l’intervention est précoce, plus le traitement est simple et efficace ; attendre que la fissure remonte jusqu’au bourrelet coronaire multiplie le risque d’infection du derme et de boiterie chronique
- « Un cheval qui a eu une seime en aura toujours » : FAUX – une seime correctement traitée et suivie d’un entretien préventif rigoureux ne récidive pas nécessairement ; la récurrence indique un problème non résolu (aplombs défectueux, carence nutritionnelle, sol inadapté, surcharge pondérale)
- « Les compléments pour sabots sont inutiles si le cheval a du foin de qualité » : PARTIELLEMENT FAUX – même un fourrage de bonne qualité peut être déficient en biotine, oligo-éléments et acides aminés soufrés ; une supplémentation ciblée pendant 6 à 9 mois améliore de façon significative la qualité de la corne chez les chevaux prédisposés aux seimes
La combinaison d’un suivi professionnel régulier, d’une alimentation enrichie et de gestes quotidiens simples constitue le triptyque gagnant contre les récidives.







