Mycoses équines : le coupable oublié ? Brosses, tapis et couvertures contaminés

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Nicolas
Mycoses équines : le coupable oublié? Brosses, tapis et couvertures contaminés

Vous avez repéré des zones dépilées suspectes sur votre cheval et vous vous demandez s’il s’agit d’une mycose ? Voici comment identifier, traiter et surtout empêcher la propagation de ces infections fongiques trop souvent sous-estimées.

Les mycoses équines touchent principalement la peau sous forme de teigne, mais aussi les fourchettes avec la pourriture des fourchettes, ou encore les oreilles. Le responsable principal de leur propagation rapide dans une écurie ? Votre matériel contaminé : brosses, tapis de selle, couvertures et licols que vous partagez innocemment entre plusieurs chevaux. Les dermatophytes, ces champignons microscopiques, survivent plusieurs mois sur ces surfaces et contaminent un cheval sain en quelques contacts. Les symptômes caractéristiques incluent des lésions circulaires avec perte de poils, des croûtes grises et parfois des démangeaisons modérées.

Pour traiter avec efficacité une mycose cutanée, commencez par isoler le cheval atteint, puis appliquez des antifongiques locaux comme l’énilconazole ou des solutions naturelles à base d’huiles essentielles pour les cas légers. La désinfection rigoureuse de tout le matériel avec des produits adaptés reste la clé pour éviter les récidives qui transforment une simple infection en problème chronique.

Voici justement le protocole complet pour identifier précisément le type de mycose qui affecte votre cheval, choisir le traitement adapté à sa gravité, et mettre en place un système de désinfection qui protégera durablement votre écurie.

Identifier les mycoses équines et comprendre le rôle du matériel contaminé

Avant de traiter une mycose, vous devez savoir précisément à quel type d’infection vous faites face, car chaque champignon nécessite une approche différente.

Reconnaître visuellement les principales mycoses du cheval

Les lésions cutanées varient fortement selon l’agent pathogène en cause. La teigne provoquée par Trichophyton equinum ou Microsporum crée des zones circulaires caractéristiques, tandis que la gale de boue (dermatophilose combinée à des champignons) s’installe sur les membres inférieurs dans les environnements humides.

Voici ce qui différencie les principales mycoses :

Type de mycoseZones touchéesSymptômes visuelsNiveau de contagiositéGravité
Teigne (dermatophytes)Tête, encolure, sangle, garrotLésions rondes de 1 à 5 cm, dépilation, croûtes grises, squamesTRÈS ÉLEVÉ (transmission directe et indirecte)Modérée, zoonotique
Gale de bouePaturons, canons, bas des membresCroûtes épaisses jaunâtres, suintements, crevasses, peau épaissieMoyen (favorisée par humidité)Modérée à sévère selon extension
Pourriture des fourchettesFourchette du sabotSubstance noire nauséabonde, décomposition du tissu cornéFaible (non contagieuse entre chevaux)Variable, peut atteindre structures sensibles
Mycose auriculaireIntérieur des oreillesCroûtes sèches, démangeaisons, sensibilité au toucherFaibleLégère, inconfort marqué
Mycose des poches gutturalesPoches gutturales (internes)Écoulement nasal, saignements de nez soudains, dysphagieTrès faibleCRITIQUE – potentiellement mortelle

La distinction entre teigne et dermatophilose reste parfois délicate à l’œil nu, mais un détail fait toute la différence…

Comment vos brosses, tapis et couvertures propagent les champignons

Les spores fongiques se comportent comme des passagers clandestins sur votre matériel. Ces structures microscopiques résistent aux conditions difficiles et attendent patiemment leur prochain hôte, transformant chaque brossage en potentiel vecteur de contamination.

Voici les équipements qui hébergent et transmettent les champignons :

  • Brosses et étrilles : les spores de dermatophytes survivent 12 à 18 mois dans les poils coincés entre les picots, la contamination se produit par contact direct avec la peau lors du pansage quotidien, particulièrement sur les zones de frottement comme le garrot et la sangle
  • Tapis de selle et amortisseurs : les champignons colonisent les fibres textiles pendant 6 à 12 mois, la chaleur et l’humidité de la transpiration créent un environnement idéal, le transfert s’effectue par macération prolongée sur le dos du cheval durant le travail
  • Couvertures d’écurie et de paddock : les spores persistent 8 à 15 mois dans les doublures polaires ou coton, la transmission massive survient lors du frottement continu sur l’encolure, le garrot et les flancs pendant 12 à 16 heures quotidiennes
  • Licols et longes : la contamination dure 6 à 10 mois sur le nylon et le cuir, le transfert ciblé touche principalement la tête, la nuque et les ganaches lors de la manipulation, zones particulièrement sensibles chez les jeunes chevaux
  • Guêtres et protections de travail : les champignons survivent 4 à 8 mois dans les néoprènes et textiles techniques, la propagation se concentre sur les membres où l’humidité favorise la gale de boue et autres infections mixtes bactéries-champignons

Le matériel partagé entre plusieurs chevaux multiplie le risque par dix, mais même avec du matériel individuel, un détail négligé suffit pour maintenir l’infection…

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Mycose des poches gutturales : dépister et traiter

Des champignons entre les doigts de pied ?! 🍄 #mycose

Traiter et prévenir les mycoses en assainissant l’environnement

Soigner un cheval atteint de mycose sans désinfecter son environnement revient à vider une baignoire avec le robinet ouvert.

Protocole de traitement progressif : du naturel au vétérinaire

La stratégie thérapeutique dépend directement de l’étendue des lésions et de la rapidité d’évolution de l’infection. Une teigne détectée précocement avec une ou deux petites zones dépilées se traite avec efficacité avec des solutions douces, tandis qu’une contamination généralisée ou une mycose des poches gutturales nécessite une intervention vétérinaire immédiate.

Voici comment adapter votre réponse selon la gravité :

Niveau de gravitéSymptômes observésActions recommandéesDurée du traitement
Mycose légère1 à 3 lésions circulaires isolées (<3 cm), apparues depuis moins de 5 jours, cheval en bon état généralIsolation immédiate du cheval, application de vinaigre de cidre dilué (50/50 avec eau) 2 fois par jour, ou huile essentielle de tea tree diluée à 2% dans huile végétale, surveillance quotidienne de l’évolution7 à 14 jours, si aucune amélioration après 5 jours : passage au niveau supérieur
Mycose modérée4 à 10 lésions, extension progressive, léger prurit, croûtes qui s’épaississent, ou échec du traitement naturelConsultation vétérinaire recommandée pour confirmation diagnostique, antifongique topique type énilconazole en application locale selon prescription, shampooing antifongique hebdomadaire sur tout le corps, poursuite de l’isolation stricte3 à 6 semaines avec contrôle vétérinaire à J+15
Mycose sévèrePlus de 10 lésions ou extension rapide, atteinte généralisée, saignement nasal (poches gutturales), difficulté à déglutir, fièvre, état général dégradéCONSULTATION VÉTÉRINAIRE URGENTE OBLIGATOIRE ⚠️, antifongiques systémiques (oraux ou injectables), possibilité d’embolisation chirurgicale pour mycose des poches gutturales, hospitalisation parfois nécessaire, analyses mycologiques avec culture6 à 12 semaines minimum, suivi vétérinaire rapproché indispensable

Le traitement du cheval ne représente que la moitié du combat, car l’ennemi invisible se cache dans votre sellerie…

Protocole de désinfection du matériel et prévention des récidives

Sans désinfection rigoureuse de l’équipement, vous réinfecterez votre cheval dès le lendemain du dernier traitement. Les spores fongiques transforment votre matériel en réservoir permanent de contamination, annulant tous vos efforts thérapeutiques si vous négligez cette étape fondamentale.

Voici le protocole complet par catégorie d’équipement :

Brosses, étrilles et matériel de pansage

Action à mener : trempage dans une solution d’eau de Javel diluée à 10% (1 volume de javel pour 9 volumes d’eau) pendant 30 minutes, puis rinçage abondant et séchage complet au soleil. Alternative : solution de Virkon ou autre désinfectant à spectre fongicide selon dosage fabricant. Fréquence : après chaque utilisation sur cheval infecté pendant toute la durée du traitement, puis 1 fois par semaine pendant 2 mois en prévention. Technique spécifique : brosser vigoureusement sous l’eau courante avant désinfection pour déloger les poils et squames coincés entre les picots 🧽.

Tapis de selle, amortisseurs et couvertures

Action à mener : lavage en machine à 60°C minimum avec lessive classique plus ajout de 100 ml de vinaigre blanc dans le bac adoucissant pour action antifongique renforcée, séchage complet au sèche-linge ou au soleil (les UV détruisent une partie des spores). Pour articles non lavables en machine : pulvérisation généreuse de spray désinfectant antifongique spécial textile équestre, brossage énergique, exposition au soleil pendant 48 heures. Fréquence : lavage après chaque utilisation sur cheval contaminé, puis 1 fois toutes les 2 semaines pendant la période de surveillance post-traitement.

Licols, longes et équipements en cuir ou nylon

Action à mener : nettoyage avec savon glycériné puis application de désinfectant à base de chlorhexidine 2% sur toutes les surfaces, temps de contact 10 minutes minimum avant rinçage. Pour le cuir : application d’huile de pied de bœuf après désinfection complète pour éviter le dessèchement. Fréquence : désinfection quotidienne pendant la phase active de l’infection, puis 2 fois par semaine pendant 6 semaines.

Guêtres, protections et équipements en néoprène

Action à mener : lavage à l’eau tiède savonneuse, trempage 20 minutes dans solution désinfectante adaptée aux textiles techniques (éviter l’eau de Javel qui dégrade le néoprène), rinçage méticuleux, séchage complet à plat. Fréquence : systématiquement après chaque séance de travail sur cheval infecté, stockage dans un sac individuel fermé après désinfection.

Gestion de l’humidité et isolement

L’assainissement du box conditionne directement la vitesse de guérison : curage intégral quotidien avec retrait de toute litière souillée, désinfection des murs et mangeoires avec solution javellisée 1 fois par semaine, amélioration drastique de la ventilation pour réduire l’hygiène à moins de 70% (installer des grilles d’aération en plus si nécessaire). L’isolation du cheval contaminé doit être physique (box séparé à plus de 5 mètres des autres équidés) et organisationnelle (s’occuper de lui en dernier lors de la tournée quotidienne, porter des gants jetables, utiliser du matériel dédié marqué en rouge). Le retour en collectivité ne s’autorise qu’après deux prélèvements mycologiques négatifs espacés de 15 jours, réalisés par votre vétérinaire, soit en général 4 à 6 semaines après disparition complète des symptômes visibles.

La durée de survie des dermatophytes dans un environnement non traité peut atteindre 18 mois, transformant votre écurie en bombe à retardement pour les prochaines saisons. Un propriétaire m’a récemment confié avoir connu trois vagues successives de teigne dans son effectif avant de comprendre que les anciennes couvertures stockées dans un coin humide de la sellerie réensemençaient constamment ses chevaux. Après destruction de ce matériel contaminé et application du protocole complet, plus aucune récidive depuis deux ans.

Foire aux questions

Oui, la teigne équine est zoonotique et se transmet facilement à l’humain par contact direct avec les lésions ou le matériel contaminé. Portez systématiquement des gants lors des soins et lavez-vous les mains avec un savon antifongique après manipulation d’un cheval infecté.

Un cheval traité reste contagieux pendant 3 à 4 semaines minimum, même si les symptômes s’améliorent visuellement. L’isolation doit se poursuivre jusqu’à obtention de deux prélèvements mycologiques négatifs espacés de 15 jours, confirmant l’élimination complète des spores fongiques.

Certaines mycoses cutanées légères peuvent régresser naturellement chez les chevaux à système immunitaire robuste, mais cela prend 3 à 6 mois avec un risque élevé de contamination de l’effectif. Le traitement accélère la guérison à 3-6 semaines et limite drastiquement la propagation des dermatophytes dans votre écurie.

Non, la tonte est déconseillée car elle dissémine massivement les spores dans l’environnement et sur les lames de la tondeuse, créant de nouveaux foyers de contamination. Contentez-vous de couper délicatement les poils longs autour des lésions avec des ciseaux désinfectés, puis brûlez immédiatement ces poils.

L’eau de Javel diluée à 10% (1 volume de javel pour 9 volumes d’eau) reste le désinfectant le plus efficace et économique contre les champignons équins. Appliquez généreusement sur toutes les surfaces après curage complet, laissez agir 30 minutes, rincez puis laissez sécher 24 heures avant réintroduction de litière propre.

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