Cheval qui embarque : arrêtez de changer de mors, corrigez d’abord votre main

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Nicolas
Cheval qui embarque : arrêtez de changer de mors, corrigez d’abord votre main

Votre cheval embarque au galop, tire sur les rênes ou accélère brutalement ? Avant de dépenser dans un énième mors « miracle », examinez d’abord la qualité de votre main.

La réalité que peu de cavaliers acceptent : dans 80% des cas, un cheval qui embarque réagit à des mains dures, instables ou contradictoires, et non à un mors inadapté. Les signaux révélateurs ? Votre cheval ouvre la bouche, bat à la main, se met derrière la main ou se raidit à l’encolure dès que vous reprenez les rênes. Changer de mors sans corriger votre position et votre tact équestre ne fera qu’aggraver le problème, créant un cercle vicieux où l’animal développe des défenses de plus en plus marquées. La solution passe par un travail sur la fixité de vos mains, l’indépendance de votre assiette et la cohérence de vos aides – des fondamentaux que même des cavaliers confirmés négligent. Une fois votre main éduquée, le choix du mors devient pertinent : un mors à simple brisure pour un cheval qui accepte le contact, un mors à double brisure pour les bouches sensibles, toujours adapté à la morphologie buccale (largeur de barres, épaisseur de langue, sensibilité des commissures) et à l’objectif de travail.

Voici comment diagnostiquer précisément si le problème vient de vous ou de votre équipement, puis comment sélectionner le mors réellement adapté à votre cheval.

Pourquoi votre cheval embarque : le rôle de votre main avant celui du mors

Votre cheval n’est pas « chaud » ou « difficile » : il réagit à ce que vos mains lui disent, souvent malgré vous.

Les signes qui révèlent un problème de main plutôt que de mors

Observez attentivement ces comportements qui trahissent une main inadaptée plutôt qu’un problème d’embouchure – chaque résistance raconte l’histoire d’une communication défaillante entre vos mains et la bouche de votre cheval.

  • Tension constante dans les rênes : votre cheval tire en permanence, cherchant à fuir une pression continue que vous maintenez inconsciemment
  • Bouche systématiquement ouverte : réaction directe à des mains qui tirent en arrière au lieu de céder, le cheval tente d’échapper à la douleur sur les commissures
  • Battements de tête répétés : signe que vos mains bougent de haut en bas au rythme des allures, créant des à-coups désagréables sur les barres
  • Cheval qui se met derrière la main : fuite d’un contact trop dur ou de mains qui reculent vers votre buste au lieu de rester fixes
  • Accélérations brutales au galop : réponse à une main qui se durcit par anticipation, le cheval préfère partir en avant plutôt que subir la retenue
  • Encolure inversée ou creusée : conséquence de mains qui tirent vers le haut, empêchant l’engagement du dos
  • Défenses latérales (tête qui part sur le côté) : évitement d’une main plus dure d’un côté que de l’autre, révélant votre asymétrie naturelle
  • Grincements de dents ou mâchoire crispée : STRESS maximal face à des mains qui ne cèdent jamais, même quand le cheval cherche à bien faire
  • Sudation excessive autour de la bouche 😰 : anxiété liée à l’inconfort permanent créé par des actions de mains imprévisibles

Maintenant que vous avez identifié ces signaux d’alarme…

Comment corriger votre main et améliorer votre communication

La correction de votre main demande un travail méthodique et progressif – voici la progression qui transformera réellement votre équitation et le comportement de votre cheval.

  1. Travail à pied de la mobilité articulaire : avant même de monter, effectuez des rotations lentes des poignets (20 répétitions), des flexions-extensions des doigts, pour développer la souplesse nécessaire à des mains moelleuses
  2. Montez sans rênes pendant 10 minutes : au pas puis au trot, bras le long du corps ou croisés, pour forcer votre assiette à assurer seule l’équilibre et éliminer la béquille que représentent des rênes tendues
  3. Exercice du « fil de soie » : imaginez tenir un fil fragile entre votre main et la bouche, maintenant un contact permanent mais délicat de 200 à 300 grammes maximum, ni plus ni moins
  4. Test de l’indépendance des aides : en cercle au trot, demandez des transitions montantes/descendantes uniquement avec l’assiette et les jambes, les mains restant immobiles à leur place – si le cheval n’obéit pas, c’est votre assiette qui doit progresser, pas vos mains qui doivent tirer
  5. Travail des cessions à la jambe rênes longues : obligez-vous à guider avec le poids du corps et les jambes, les rênes servant uniquement à l’incurvation, jamais à la propulsion ou à la retenue
  6. Exercice de fixité sur cavaletti : passez une ligne de 4 à 5 barres au sol espacées de 1,30 m au trot, en maintenant vos mains rigoureusement à la même hauteur et au même emplacement – filmez-vous pour vérifier
  7. Transitions rapprochées avec relâchement systématique : enchaînez pas-trot-pas toutes les 5 foulées, en cédant complètement les doigts 2 secondes après chaque transition pour récompenser et éviter l’accumulation de tension
  8. Séances avec élastiques de briderie : remplacez temporairement vos rênes par des élastiques qui révèlent instantanément chaque à-coup et vous obligent à doser finement vos actions
  9. Travail monté avec un instructeur au sol : faites-vous observer spécifiquement sur la position de vos mains (hauteur, écartement, mobilité) et leur coordination avec votre assiette – un œil extérieur détecte ce que vous ne sentez pas
  10. Intégration progressive du mors adapté : seulement après 3 à 4 semaines de ce travail, testez différents mors avec une main désormais éduquée, vous constaterez que votre cheval accepte des embouchures qu’il refusait auparavant

Cette progression vous mènera vers une vérité incontournable…

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Choisir le bon mors : critères objectifs pour une décision éclairée

Une fois votre main corrigée, le choix du mors devient une décision technique basée sur la morphologie de votre cheval, pas sur des effets de mode.

Les différents types de mors et leurs actions réelles sur le cheval

Chaque type de mors exerce une action spécifique sur la bouche du cheval – comprendre ces mécanismes vous évite les erreurs coûteuses et les changements incessants d’embouchure.

Type de morsAction principaleNiveau de sévéritéUsage recommandéContre-indications
Mors à anneaux simple brisurePression sur les barres et la langue avec effet de casse-noisette modéré sur les commissuresModéréDébourrage, chevaux calmes, travail de base toutes disciplinesChevaux avec langue épaisse ou palais bas (risque de contact douloureux)
Mors à anneaux double brisureRépartition uniforme de la pression sur la langue et les barres, action plus douce sur le palaisDouxChevaux sensibles, bouches fines, dressage, cavaliers débutantsChevaux qui s’appuient fortement (manque de précision)
Mors à olives simple brisureGuidage latéral amélioré, action rapide sur la commissure et limitation de la mobilité latéraleModéré à fermeJeunes chevaux en apprentissage de la direction, chevaux qui dériventChevaux claustrophobes ou qui fuient le contact (effet fixe anxiogène)
Mors à olives double brisureStabilité latérale avec douceur sur la langue, aide au cadre sans brutalitéModéréPerfectionnement toutes disciplines, chevaux sensibles nécessitant un cadreChevaux raides de l’encolure (limite la décontraction)
Mors PelhamDouble action par effet de levier sur la nuque et pression sur les barres selon la rêne utiliséeSévèreChevaux confirmés, cross, chasse, cavaliers expérimentés uniquementJeunes chevaux, cavaliers à main dure, bouches abîmées, usage quotidien
Mors BaucherAction relevante sur la nuque par anneaux fixes, encourage la flexion de nuque sans effet de levier violentModéré à fermeDressage, chevaux qui s’encapuchonnent, recherche de rassemblerChevaux au garrot sensible, débutants (demande finesse d’utilisation)
Mors Verdun (D-ring)Limitation stricte du passage latéral, action franche sur la commissure pour chevaux raidesFermeChevaux lourds à diriger, attelage, chevaux qui ne tournent pasChevaux déjà directionnels et légers (action inutilement contraignante)
Mors caoutchouc simple brisureContact moelleux sur toute la surface buccale, encourage la mastication et la décontractionTrès douxDébourrage, remise en confiance après traumatisme buccal, chevaux anxieuxChevaux qui mâchent excessivement le mors (usure rapide du matériau)
Mors pessoa (3 anneaux)Polyvalence avec trois positions de rênes offrant du releveur à l’abaisseur selon le besoinVariable (doux à ferme)Travail varié, recherche de mise en main ajustable, longues rênesCavaliers inexpérimentés (complexité d’ajustement), compétitions réglementées
Mors droitPression uniforme et continue sur toute la largeur de la langue sans effet de casse-noisetteFerme à sévèreChevaux de polo, chevaux confirmés s’appuyant franchement, mains très légèresJeunes chevaux, bouches sensibles, langue épaisse (inconfort majeur)

Mais le type de mors ne suffit pas…

Adapter le mors à la morphologie et à la sensibilité de votre cheval

La morphologie buccale de votre cheval dicte impérativement le choix de l’embouchure – ignorer ces critères anatomiques condamne même le meilleur mors à créer de l’inconfort.

  • Épaisseur de la langue : un cheval à langue épaisse souffre avec un mors à simple brisure qui comprime contre le palais, privilégiez un mors à double brisure de 16 à 18 mm de diamètre ou un mors droit fin (14 mm) qui laisse de l’espace ; à l’inverse, une langue fine tolère parfaitement un mors plus épais (20-22 mm) qui répartit mieux la pression
  • Largeur de la bouche : mesurez précisément l’écart entre les deux commissures en ajoutant 0,5 cm de chaque côté – un mors trop large (dépassant de plus de 1 cm total) blesse les commissures par effet de levier latéral, un mors trop étroit (moins de 0,5 cm de jeu) pince douloureusement la peau ; les tailles standard vont de 11,5 cm (poneys) à 14,5 cm (chevaux de trait), avec un standard cheval à 12,5-13,5 cm
  • Conformation des barres : palpez délicatement les barres de votre cheval (zone sans dents entre incisives et molaires) – des barres saillantes et osseuses nécessitent un mors épais (18-22 mm) pour diluer la pression, tandis que des barres charnues et bien recouvertes acceptent des embouchures plus fines (14-16 mm) offrant plus de précision dans les aides
  • Sensibilité buccale observable : un cheval qui réagit au moindre contact, ouvre la bouche fréquemment ou bat à la main même avec des actions légères présente une hypersensibilité – orientez-vous vers des matériaux doux comme le caoutchouc, la résine ou le cuivre (qui favorise la salivation), et des formes à double brisure ; un cheval qui s’appuie lourdement tolère un mors en inox plus direct
  • Discipline pratiquée et objectifs : le dressage privilégie la finesse avec des mors à olives ou Baucher pour le rassembler, le CSO demande un contrôle rapide avec des anneaux ou olives permettant des demi-arrêts francs, le cross sur chevaux généreux justifie parfois un Pelham pour la sécurité, la randonnée s’accommode d’embouchures simples et confortables pour des heures de port
  • Niveau d’éducation du cheval : un jeune cheval en débourrage découvre le contact avec un mors caoutchouc à anneaux épais et doux qui ne le traumatise pas ; un cheval confirmé ayant une bouche éduquée accepte des embouchures plus techniques (pessoa, Baucher) qui affinent la communication ; un cheval ayant développé des défenses nécessite souvent un retour temporaire vers plus de douceur avant de progresser

Voici ce que cette compréhension change concrètement…

Pour mettre en pratique ces recommandations, vous aurez besoin du matériel adapté.

Foire aux questions

Le mors est une pièce métallique ou synthétique placée dans la bouche du cheval, reposant sur les barres (espace sans dents entre incisives et molaires), reliée aux rênes pour transmettre les demandes du cavalier. Il constitue l’interface de communication principale entre la main du cavalier et la bouche de l’animal dans l’équitation classique.

Le mors n’est pas douloureux en soi si trois conditions sont réunies : un choix adapté à la morphologie buccale du cheval, un ajustement correct (hauteur, largeur), et surtout une main légère et fixe du cavalier. La douleur provient presque toujours de mains dures, instables ou qui tirent en permanence, transformant un outil de communication en instrument de contrainte.

Les mors portent des noms selon leur forme et leur mécanisme : mors à anneaux (simple ou double brisure), mors à olives, mors Pelham, mors Baucher, mors Verdun, mors pessoa, ou encore mors droit. Chaque type correspond à une action spécifique sur la bouche et s’adapte à des besoins différents selon la discipline et le niveau du cheval.

Le mors à anneaux double brisure en caoutchouc ou résine est en général le plus doux, car il répartit uniformément la pression sur la langue et les barres sans créer d’effet de casse-noisette. Son diamètre épais (18-22 mm) et sa matière souple encouragent la mastication, favorisent la décontraction de la mâchoire et conviennent parfaitement au débourrage ou aux chevaux hypersensibles.

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