Voilà la question que se posent tous les propriétaires de jument gestante : quand exactement mon poulain va-t-il naître ?
La gestation d’une jument dure en moyenne 338 jours, soit environ 11 mois, mais cette durée peut varier de 330 à 345 jours selon les individus. Pour calculer la date de mise bas, il suffit d’ajouter 338 jours à la date de saillie ou de la dernière insémination. Cette méthode offre une estimation fiable à deux semaines près. Plus précis, les tests de calcium mammaire comme le kit FoalWatch permettent d’affiner la prédiction à 24-48 heures du poulinage en mesurant le taux de carbonate de calcium dans les sécrétions des mamelles. Parallèlement, l’observation des signes physiques reste indispensable : la dilatation des pis apparaît 2 à 6 semaines avant, le remplissage des mamelons 4 à 6 jours avant, et l’apparition de cire sur les trayons annonce en général une mise bas dans les 24 à 72 heures.
Mais attention…
Chaque jument possède son propre calendrier biologique. Les primipares (juments mettant bas pour la première fois) peuvent présenter des variations plus importantes que les multipares. La race, l’environnement, la nutrition et même le stress influencent ce timing naturel. Comprendre les différentes méthodes de prédiction et savoir interpréter les signaux envoyés par votre jument vous permettra d’organiser une surveillance adaptée et d’être présent au moment décisif.
Calculer et affiner la date prévisionnelle de poulinage
Commençons par la base : le calcul théorique à partir de la saillie.
Méthode de calcul basée sur la date de saillie
La méthode de calcul classique consiste à ajouter 338 jours à la date de saillie ou d’insémination de votre jument. Cette durée correspond à la moyenne observée chez l’ensemble des races équines. Prenons un exemple concret : si votre jument a été saillie le 15 avril, la date prévisionnelle de poulinage se situera autour du 18 mars de l’année suivante. Simple sur le papier, mais la réalité montre une fourchette de variation qui peut aller de 330 à 345 jours selon l’individu et sa race 📅.
La durée de gestation varie selon les races, comme le montre ce tableau comparatif :
| Race | Durée moyenne (jours) | Exemple : saillie le 1er mai | Date prévisionnelle |
|---|---|---|---|
| Pur-sang | 335-340 | 1er mai 2025 | 1-6 avril 2026 |
| Trotteur | 338-342 | 1er mai 2025 | 4-8 avril 2026 |
| Trait | 340-345 | 1er mai 2025 | 6-11 avril 2026 |
Les juments de trait ont tendance à porter légèrement plus longtemps que les pur-sang, une différence qui peut atteindre 5 à 10 jours. Les primipares (juments poulinant pour la première fois) présentent en général des gestations plus longues de 2 à 4 jours par rapport aux multipares. Gardez à l’esprit que cette méthode reste une estimation : environ 60% des juments poulinent dans une fenêtre de 7 jours autour de la date calculée, mais 20% peuvent prendre jusqu’à deux semaines de retard ou d’avance.
Maintenant, voyons comment affiner cette prédiction…
Tests de prédiction avancés : calcium mammaire et kits FoalWatch
Les tests de calcium mammaire représentent l’outil le plus fiable pour anticiper la mise bas imminente. Le principe repose sur une observation scientifique : le taux de carbonate de calcium dans les sécrétions mammaires augmente brutalement 24 à 48 heures avant le poulinage, passant de moins de 200 ppm à plus de 400 ppm. Cette modification biochimique traduit la maturation finale du colostrum et annonce l’imminence de la naissance. Le kit FoalWatch, développé spécifiquement pour les éleveurs, permet de mesurer ce taux avec précision grâce à des bandelettes réactives.
Voici une comparaison des différentes méthodes de prédiction :
- Calcul basé sur la saillie : fiabilité modérée (±14 jours), coût nul, facilité maximale, idéal pour une estimation globale
- Kit FoalWatch : fiabilité élevée (±48 heures), coût de 40 à 60 € pour 20 tests, facilité d’utilisation bonne, prélèvement quotidien nécessaire les derniers jours
- Test calcium DIY : fiabilité variable selon l’expérience, coût faible (15-25 €), difficulté d’interprétation pour les débutants
- Observation des signes physiques : fiabilité moyenne (±3 jours), coût nul, nécessite de l’expérience et une surveillance constante
La stratégie optimale ? Combiner le calcul initial avec les tests de calcium durant les 10 derniers jours présumés de gestation. Commencez les prélèvements quotidiens dès l’apparition des premiers signes physiques pour ne pas manquer le pic de calcium. Certains éleveurs expérimentés se fient uniquement à l’observation, mais pour un premier poulinage ou une jument à l’historique inconnu, les tests biochimiques apportent une sécurité appréciable.
Passons maintenant aux signaux que votre jument vous envoie…
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Reconnaître les signes annonciateurs imminents de la mise bas
Votre jument commence à vous parler, encore faut-il comprendre son langage corporel.
Signes physiques 2 à 4 semaines avant le poulinage
Le développement mammaire constitue le premier indicateur visible que la mise bas approche. Les pis de votre jument vont peu à peu se remplir et prendre du volume, un phénomène appelé « montée de lait » qui débute en général entre 2 et 6 semaines avant le poulinage. Cette dilatation s’accompagne d’une modification de la texture : les mamelles deviennent plus fermes au toucher et leur température augmente légèrement. Chez les primipares, ce développement peut être plus discret et survenir plus tardivement, parfois seulement 7 à 10 jours avant la naissance.
Voici les transformations physiologiques à surveiller attentivement :
- Développement mammaire : augmentation progressive du volume des pis sur 2 à 6 semaines, mamelles fermes et chaudes au toucher, veines mammaires plus visibles et saillantes
- Relâchement vulvaire : allongement de la vulve qui devient molle et pendante entre 7 et 19 jours avant, muscles pelviens qui se détendent peu à peu, apparition d’un creux de chaque côté de la base de la queue
- Changements comportementaux : jument plus calme ou au contraire plus nerveuse, recherche d’isolement du troupeau, diminution de l’appétit dans certains cas, moments de somnolence accrus
La surveillance QUOTIDIENNE devient indispensable durant cette période. Prenez des photos régulières des mamelles pour objectiver leur évolution, car l’œil s’habitue aux changements progressifs. Certaines juments multipares peuvent présenter un développement mammaire permanent suite aux gestations précédentes, ce qui complique l’interprétation des signes : dans ce cas, concentrez-vous sur la fermeté et la chaleur plutôt que sur le volume seul.
Mais ce n’est rien comparé à ce qui va suivre…
Indicateurs 24 à 72 heures avant la mise bas
L’apparition de cire sur les trayons représente le signal le plus fiable et le plus spectaculaire de l’imminence du poulinage. Cette substance jaunâtre à brunâtre, d’aspect cireux ou cristallisé, se forme à l’extrémité des mamelons lorsque le colostrum commence à perler et se dessèche au contact de l’air. Chez 80% des juments, ce phénomène survient entre 6 et 48 heures avant la mise bas, bien que certaines multipares expérimentées puissent pouliner sans jamais présenter de cirage visible. Après l’apparition de la cire, vous constaterez souvent un écoulement de quelques gouttes de colostrum, signe que le compte à rebours final est enclenché.
Les signes critiques qui annoncent une naissance imminente :
- Cire sur les trayons : dépôts jaunâtres ou brunâtres à l’extrémité des mamelons, aspect cireux qui se détache facilement, suivi de gouttes de colostrum perlant (1 à 2 jours avant)
- Agitation et inconfort : jument qui se couche et se relève fréquemment, gratte le sol avec les antérieurs, regarde ses flancs à répétition, transpiration localisée sur l’encolure et les flancs
- Isolement volontaire : recherche active d’un coin tranquille du box ou du pré, éloignement des congénères, oreilles en arrière si on l’approche (comportement inhabituel chez une jument sociable)
- Perte de liquide : écoulement vaginal clair à ambré quelques heures avant, rupture de la poche des eaux marquant le début effectif du travail (liquide ambré s’écoulant brutalement)
La nuit reste le moment privilégié pour 90% des poulinages, un atavisme lié à la protection contre les prédateurs dans la nature. Installez une caméra de surveillance dans le box de mise bas pour ne pas perturber votre jument par des visites répétées qui pourraient retarder le travail. Certaines juments « retiennent » leur poulinage en présence humaine, un réflexe qui peut durer plusieurs heures. La température corporelle peut également chuter de 0,5 à 1°C dans les 24 heures précédant la mise bas, un indicateur supplémentaire pour les éleveurs équipés d’un thermomètre rectal.
Voilà, vous disposez maintenant de tous les repères pour anticiper sereinement l’arrivée de votre poulain. Le calcul initial vous donne une fenêtre de surveillance, les tests de calcium affinent la prédiction, et l’observation attentive des signes physiques vous permet d’être présent au moment décisif. Rappelez-vous que chaque jument possède son propre calendrier : notez précisément tous ces indicateurs pour chaque gestation, vous constituerez ainsi un historique précieux pour les poulinages futurs. Et si le moindre doute apparaît pendant le travail (plus de 30 minutes entre la rupture des eaux et l’expulsion, poulain mal positionné, membranes placentaires non expulsées après 2 heures), contactez immédiatement votre vétérinaire équin.







