Cheval qui s’appuie ? Et si le vrai coupable, c’était… votre main ?

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Nicolas
Cheval qui s'appuie ? Et si le vrai coupable, c'était... votre main ?

Vous pensez que votre cheval s’appuie sur le mors par entêtement ou manque de dressage ? Découvrez comment vos propres mains créent souvent ce problème… et comment le résoudre définitivement.

L’appui excessif sur le mors n’est en général pas une question de mauvais caractère du cheval, mais le symptôme d’un déséquilibre dans la communication entre cavalier et monture. Les recherches en biomécanique équestre montrent que dans 70% des cas, c’est la tension dans les bras du cavalier, les mains fixes ou le choix inadapté du mors qui provoquent cette réaction défensive. Un cheval qui s’appuie cherche avant tout à fuir un inconfort buccal ou à compenser un manque d’équilibre – le sien ou celui de son cavalier. La solution passe par trois axes : identifier les erreurs de main (rigidité, actions saccadées, position trop haute), sélectionner une embouchure adaptée à la sensibilité de votre monture (souvent un mors à double brisure ou à olive pour répartir les pressions), et réapprendre une communication plus fine basée sur la légèreté plutôt que la force.

Voici comment transformer cette lutte quotidienne en dialogue harmonieux, en commençant par analyser honnêtement votre propre équitation avant d’accuser votre partenaire à quatre sabots.

Pourquoi votre cheval s’appuie-t-il vraiment sur le mors ?

Avant de changer de mors ou d’accuser votre cheval de mauvaise volonté, examinez d’abord ce qui se passe au bout de vos rênes.

Les 5 erreurs de main qui créent l’appui (et comment les reconnaître)

La majorité des problèmes d’appui trouvent leur origine dans la technique du cavalier, pas dans la bouche du cheval. Voici les erreurs les plus fréquentes qui transforment une embouchure douce en instrument de résistance :

  1. Mains fixes et rigides : lorsque vos poignets restent verrouillés, vous créez un point d’appui constant que le cheval utilise pour se soutenir. Signes observables : tension visible dans vos avant-bras, rênes tendues comme des cordes de guitare, cheval qui baisse peu à peu l’encolure en tirant vers le bas, absence de flottement dans les rênes même aux allures lentes.
  2. Mains trop basses ou trop hautes : des mains sous le garrot créent un effet abaisseur qui pousse le cheval sur les épaules, tandis que des mains au-dessus du garrot provoquent un effet releveur désagréable. Signes observables : cheval qui pèse sur les antérieurs avec des foulées courtes (mains basses), ou qui creuse le dos et ouvre la bouche (mains hautes), difficulté à maintenir un contact stable, cavalier qui compense en serrant les jambes.
  3. Effet de recul constant : tirer en arrière de façon continue transforme le mors en frein permanent contre lequel le cheval finit par s’arc-bouter. Signes observables : encolure raccourcie et comprimée, cheval qui bat à la main ou secoue la tête, salive excessive ou au contraire bouche sèche, résistance croissante nécessitant toujours plus de force pour obtenir une réponse 😤.
  4. Manque de décontraction du cavalier : votre tension physique se transmet directement à vos mains, créant des micro-actions involontaires que le cheval perçoit comme des ordres contradictoires. Signes observables : épaules remontées vers les oreilles, respiration bloquée, cheval nerveux qui mâchonne excessivement le mors, impossibilité de maintenir un rythme régulier, fatigue rapide des avant-bras.
  5. Mauvais timing des actions : des demandes décalées ou prolongées au-delà de la réponse du cheval créent confusion et opposition. Signes observables : cheval qui anticipe les actions en se contractant, réponses en retard ou excessives, perte de confiance visible (oreilles en arrière fréquentes), difficulté à obtenir des transitions fluides, besoin de répéter plusieurs fois la même demande.

Voici maintenant comment déterminer si ces erreurs vous concernent…

Auto-diagnostic : votre main est-elle responsable de l’appui ?

Ce tableau vous permet d’identifier rapidement la cause réelle du problème d’appui et d’y remédier avant même d’envisager un changement d’embouchure :

Symptôme observéCause probable liée à la mainSolution immédiate
Le cheval tire constamment vers le basMains fixes qui créent un point d’appui permanent, absence de cession après chaque actionPratiquer des demi-arrêts suivis de relâchements immédiats, alterner tension-détente toutes les 3 foulées pour rééduquer la bouche
Le cheval secoue violemment la têteMains trop hautes créant une pression inconfortable sur les barres, ou actions saccadées imprévisiblesAbaisser les mains au niveau du garrot, vérifier l’ajustement du mors, travailler la stabilité avec un élastique entre les mains
Le cheval ouvre la bouche en permanenceTension excessive dans les rênes, effet de recul constant, ou mors trop serré provoquant un réflexe de fuiteDesserrer d’un trou la muserolle, allonger les rênes d’un cran, pratiquer des exercices de décontraction de la mâchoire avec des flexions latérales
Le cheval s’enroule (ramène le nez au poitrail)Mains trop basses combinées à des actions vers l’arrière, recherche d’évitement de la pression du morsRemonter légèrement les mains, demander une extension d’encolure, travailler les transitions montantes pour réengager les postérieurs
Le cheval bat à la main (mouvements verticaux de tête)Actions de main non coordonnées avec l’assiette, timing inadéquat créant des à-coups involontairesSynchroniser les actions avec le mouvement du dos, respirer profondément, laisser les coudes accompagner naturellement l’oscillation de l’encolure
Le cheval accélère dès que vous touchez les rênesAssociation négative : le contact avec la bouche annonce une action désagréable, manque de progressivité dans les demandesRétablir un contact léger permanent et neutre, séparer clairement « contact » et « action », récompenser immédiatement toute décontraction
Le cheval résiste davantage d’un côtéMain dominante trop active créant une dissymétrie, rigidité unilatérale dans le bras ou l’épaule du cavalierIdentifier votre côté raide, faire des exercices d’assouplissement à pied, travailler consciemment la main la plus faible, vérifier la symétrie de votre position en selle
Le cheval passe derrière la main (fuit le contact)Excès de main ayant créé une hypersensibilité, peur de la douleur liée à des actions antérieures trop fortesPasser temporairement à un mors à double brisure plus doux, reconstruire la confiance avec un contact minimal, privilégier les récompenses vocales

La prochaine étape consiste à adapter votre embouchure pour faciliter cette rééducation…

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Choisir et adapter le mors pour résoudre l’appui

Une fois votre technique de main corrigée, l’embouchure devient votre alliée pour consolider cette nouvelle légèreté.

Tableau comparatif des mors selon leur action et leur douceur

Tous les mors ne se valent pas face à un problème d’appui, et certaines embouchures aggravent même la situation en créant des points de pression inconfortables. Ce tableau vous guide vers les options les plus adaptées selon le profil de votre cheval et votre discipline :

Type de morsNiveau de douceur (sur 5)Action principaleDiscipline recommandéeProfil de cheval adapté
Mors à anneaux double brisure⭐⭐⭐⭐⭐Répartition uniforme de la pression sur la langue et les barres grâce à la spatule centrale, mobilité maximaleLoisir, CSO, dressage débutantChevaux sensibles qui s’appuient par inconfort, jeunes chevaux en apprentissage, bouches fines nécessitant DOUCEUR
Mors à anneaux simple brisure⭐⭐⭐⭐Pression sur les barres avec effet de casse-noisette modéré, action directe et francheToutes disciplines pour cavaliers confirmésChevaux francs avec bonne éducation de bouche, déconseillé pour chevaux qui s’appuient déjà
Mors à olives double brisure⭐⭐⭐⭐⭐Stabilité accrue dans la bouche, pas de pincement des lèvres, guidage latéral douxDressage, loisir, enduranceChevaux qui fuient le contact ou s’appuient par recherche de stabilité, idéal pour rééducation de bouche
Mors Verdun⭐⭐⭐⭐Branches latérales offrant un guidage directionnel précis, limitation de la tractionDressage, travail de précisionChevaux lourds à la main qui tirent latéralement, montures nécessitant un cadre rassurant
Mors Pessoa⭐⭐⭐Effet releveur encourageant la remontée d’encolure, pression sur la nuque via les branches supérieuresCSO, chevaux lourds des épaulesChevaux qui s’appuient en s’enroulant vers le bas, nécessite des mains expertes pour éviter l’abus
Mors Baucher⭐⭐⭐⭐Fixité dans la bouche sans effet de levier brutal, libération de la langue, action sur la nuque douceDressage classique, travail en finesseChevaux sensibles avec tendance à passer la langue par-dessus le mors, profil nerveux nécessitant stabilité
Pelham⭐⭐Double action combinant mors de filet et effet de bride, levier variable selon utilisationDressage avancé, showChevaux déjà éduqués nécessitant un rappel ponctuel, JAMAIS en première intention sur cheval qui s’appuie
Releveur⭐⭐Effet de levier important sur la nuque et les barres, action remontante puissanteCSO de haut niveau uniquementChevaux très forts nécessitant un contrôle accru à l’abord, réservé aux cavaliers expérimentés avec mains légères
Mors de bride⭐⭐⭐Action indépendante du filet, pression sur les barres sans effet sur la langue, finesse extrêmeDressage de compétition (à partir du niveau Amateur)Chevaux parfaitement éduqués répondant à des aides minimales, jamais utilisé seul pour corriger un appui
Mors caoutchouc double brisure⭐⭐⭐⭐⭐Douceur maximale grâce au matériau souple, encourage la salivation et la décontractionRééducation, jeunes chevaux, loisirChevaux traumatisés par des mains dures, bouches blessées en phase de guérison, transition depuis le hackamore

Le choix effectué, reste à réussir l’introduction de cette nouvelle embouchure…

Les 3 étapes pour réussir la transition vers un mors adapté

Changer de mors du jour au lendemain peut créer plus de confusion que de solutions, surtout avec un cheval qui a développé des mécanismes de défense. Voici le protocole progressif que j’applique systématiquement avec mes propres chevaux :

  1. Évaluation de la sensibilité buccale actuelle (semaine 1) : avant tout changement, examinez avec minutie la bouche de votre cheval en cherchant des zones sensibles, des cicatrices sur les barres, une langue abîmée ou une dentition nécessitant un limage. Observez également sa réaction au mors actuel en carrière : mâchonne-t-il excessivement, ouvre-t-il la bouche, bave-t-il normalement ? Testez sa réponse à des actions légères de rênes au pas : cède-t-il immédiatement ou résiste-t-il systématiquement ? Cette phase diagnostic détermine le niveau de douceur requis pour la nouvelle embouchure. Mesurez précisément la largeur de sa bouche pour commander la bonne taille (en général 125 mm pour un cheval de selle moyen, mais vérifiez en laissant dépasser 5 mm de chaque côté). Documentez ces observations par écrit pour suivre l’évolution.
  2. Phase d’adaptation graduelle (3 à 4 semaines minimum) : introduisez le nouveau mors d’abord en licol éthologique lors du pansage pendant 10-15 minutes, permettant au cheval de le découvrir sans pression. Passez ensuite à des séances montées courtes (20 minutes maximum) aux allures lentes, en privilégiant le travail en rênes longues avec un contact minimal. Les exercices recommandés incluent : cercles larges au pas pour habituer la bouche aux nouvelles sensations, transitions pas-arrêt-pas en récompensant chaque cession, flexions latérales à l’arrêt pour tester la mobilité. Augmentez peu à peu la durée et l’intensité uniquement si le cheval montre des signes de confort (mastication détendue, encolure étirée, absence de résistance). Si vous passez d’un mors à simple brisure à une double brisure, attendez-vous à une période d’adaptation de 2 semaines où le cheval découvre cette nouvelle répartition des pressions.
  3. Validation du confort (semaine 5 et au-delà) : les signes positifs confirmant que le mors convient incluent une salivation régulière (mousse blanche aux commissures des lèvres), une bouche fermée naturellement sans tension de muserolle, des transitions fluides sans résistance, un contact stable et léger dans les rênes, et surtout la disparition progressive de l’appui excessif. Inversement, méfiez-vous des signaux d’alerte : augmentation des défenses, apparition de nouveaux comportements d’évitement, plaies ou rougeurs dans la bouche après le travail, refus de prendre le mors au bridage. Réévaluez systématiquement après 6 semaines : si l’amélioration n’est pas nette, le problème vient probablement d’ailleurs (équilibre du cheval, selle inadaptée, douleurs dorsales).

⚠️ Quand consulter un professionnel avant tout changement de mors

Un dentiste équin doit intervenir AVANT toute modification d’embouchure si votre cheval présente : difficultés à mastiquer son fourrage, perte de grains non digérés dans les crottins, amaigrissement inexpliqué, odeur désagréable de la bouche, saignements lors du bridage, âge supérieur à 5 ans sans visite dentaire dans les 12 derniers mois. Les surdents (pointes d’émail tranchantes) créent des douleurs que le meilleur mors du monde ne résoudra jamais.

Un ostéopathe équin s’impose si vous observez : asymétrie dans les allures, difficulté à incurver d’un côté, dos creusé ou contracté, résistance lors du sanglage, boiteries intermittentes. Un blocage cervical ou dorsal transforme n’importe quel mors en instrument de torture, le cheval s’appuyant alors pour compenser sa douleur posturale. Ces professionnels travaillent en complémentarité avec votre réflexion sur l’embouchure, ne négligez jamais cette approche globale du bien-être équin.

Rappelez-vous que le mors parfait n’existe pas de manière universelle : chaque cheval possède une morphologie buccale unique, une sensibilité propre et une histoire qui influence sa relation au contact. L’objectif reste toujours le même : établir une communication basée sur la légèreté, où l’embouchure devient un simple relais d’informations plutôt qu’un outil de contrainte. Un cheval qui s’appuie vous envoie un message, à vous de l’écouter avec humilité et de remettre d’abord en question votre propre équitation avant d’accuser votre monture.

Foire aux questions

Le mors n’est pas douloureux en soi s’il est correctement ajusté et utilisé avec des mains légères et fixes. La douleur survient uniquement lors d’actions brutales, d’une embouchure inadaptée à la morphologie buccale, ou lorsque des problèmes dentaires non traités créent des zones sensibles sur les barres ou la langue.

Il existe de nombreux types de mors selon leur forme et leur action : mors à anneaux, mors à olives, mors Verdun, mors Pessoa, Pelham, Baucher, ou encore mors de bride. Chaque modèle se décline en version simple ou double brisure, avec des matériaux variés comme l’inox, le caoutchouc ou le cuivre favorisant la salivation.

Le mors à double brisure avec anneaux ou olives représente l’option la plus douce, car sa spatule centrale répartit uniformément la pression sur la langue et les barres sans effet de casse-noisette. Les versions en caoutchouc ou en résine souple offrent un confort maximal pour les chevaux sensibles, les jeunes chevaux en apprentissage ou les bouches nécessitant une rééducation après des expériences traumatisantes.

Le mors est une pièce de harnachement, en général métallique, qui se place dans la bouche du cheval entre les incisives et les molaires, dans l’espace naturel sans dents appelé les barres. Fixé au filet ou à la bride, il permet au cavalier de communiquer avec sa monture par l’intermédiaire des rênes, en transmettant des indications de direction, de tempo et d’équilibre.

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